Le Phare de Ré : Pourquoi avoir fait le choix d’annuler totalement le festival cette année ?
Jean Chavignier : Tout d’abord, les annonces du gouvernement se sont faites en deux temps. Dans un premier temps, il était indiqué qu’il n’y aurait pas de rassemblement de type festival jusqu’à mi-juillet. Ensuite, une deuxième annonce a indiqué qu’il n’y aurait pas de possibilité d’organiser de festivals jusqu’à fin août, pour tous les événements de plus de 5 000 personnes. Nous avions pris notre décision un petit peu avant pour des raisons principalement sanitaires. Car dans toutes les manifestations artistiques ou autres, c’est la distanciation sociale et les gestes dits « barrières » qui ont été mis en avant par les autorités. Or force est de constater que pour nous, organisateurs de festivals, il est extrêmement difficile de pouvoir faire respecter ces mesures, notamment dans ce que l’on appelle la fosse, devant les musiciens là où les gens sont « à touche-touche ». Cette proximité est le principe même du festival, c’est ce qui crée l’ambiance et c’est ce que les festivaliers viennent chercher, être au plus près et au contact des musiciens. Nous avons considéré que nous ne pouvions pas garantir la distanciation sociale ni protéger la santé de nos festivaliers, des équipes, des bénévoles, des prestataires et de tous ceux qui participent à l’organisation. Nous avons donc pris la décision d’annuler le festival.
Quelles auraient été les autres difficultés pour maintenir le festival ?
Il faut savoir que les têtes d’affiche ont vu leurs tournées estivales annulées. Il n’était donc pas sûr qu’elles puissent venir pour cette date. Pour les artistes venant de l’étranger, il y avait aussi des problèmes de transports, de logistique, et de frontières : par exemple, Jamie Cullum est en Angleterre, Keziah Jones aux Etats-Unis. Enfin, il était difficile de savoir si les gens allaient retrouver en août la confiance pour aller dans un endroit où il y a beaucoup de monde. On avait un risque de jauge faible par rapport à ce que l’on fait d’habitude. Il valait donc mieux annuler pour limiter les risques financiers et s’assurer de pouvoir rebondir en 2021.
Votre programmation avait déjà été annoncée, est-ce que vous comptez garder la même l’année prochaine ?
C’est vrai que l’on avait cette année une superbe programmation, avec à la fois des artistes français et des artistes étrangers. C’est encore un peu tôt pour répondre à votre question mais on fait tout pour la garder effectivement. Je ne pense pas que l’on pourra garantir la totalité du plateau en raison des dates de tournées. Mais notre objectif c’est d’essayer de pouvoir reprogrammer les artistes que l’on avait engagés cette année, notamment Véronique Sanson.
Quelles sont les modalités de remboursement et de dons abordés dans le communiqué de presse ?
Nous avons pris la décision de proposer le remboursement, car le délai de 18 mois qui nous sépare de notre prochaine est trop long. Le processus est en cours, avec la possibilité, pour ceux qui le souhaitent, d’aider l’association dont la trésorerie a été fragilisée par cette épidémie. Cette forme de don peut se faire en abandonnant son billet. Dans tous les cas, les opérations avancent et les premiers remboursements vont intervenir dans les prochains jours.
Propos recueillis pas Cloé Sescousse
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